(EN) Des paysages en art, nous avons une vision trop raisonnable : deux plans superposés fendus par une ligne d’horizon. Le trait de plaine, de mer ou de montagne qui sépare l’air et la terre traduit dans notre esprit une frontière. C’est que le paysage est une affaire de territoire que le dessin, par ses contours, délimite et que la couleur, par ses tons, connote.

Aux peintres du motif, sortis de l’atelier pour mettre les pieds dans leurs tableaux, ont succédé les photographes. Bientôt l’histoire des paysages s’est confondue à celle des appareils si bien que les territoires ont été submergés par l’image. Comme le suggère Google, la carte ne sert plus guère à naviguer. Elle est elle-même un moyen de transport. Elle ne se lit, mais se voit et se vit, parfois en temps réel. Dans le sillage de cette révolution, sont nées de nouvelles pratiques de l’image, de nouveaux horizons, voilant des formes oubliées.

Ghostbusters confronte les œuvres d’une jeune génération d’artistes au surgissement de paysages outils. Leurs travaux mettent en avant des dispositifs de dévoilement. La chambre photographique de Guillaume Collignon, la table tactile de Pauline Delwaulle et la NeoLucida de Pablo Garcia sont autant de prismes. Ils servent à révéler des territoires fantômes, tour à tour spectres du temps et des saisons, du fugitif quotidien ou de la langue.